comment regarder une série turque en français
Louisla Brocante. 90 min / Drame , Famille. Créée par Jacques Rouzet , Pierre Sisser. Avec Victor Lanoux , Evelyne Buyle , Valérie Gil. Nationalité France.
Iln’offre pas seulement de la série télévisée mais il offre également un accès gratuit aux films (les plus récents et les plus célèbres). 3. pocornflix. Un autre endroit pour regarder des séries TV en ligne légalement et gratuitement. TubiTV s’efforce d’offrir gratuitement du
Maggieest une série télévisée comique créée par Justin Adler et Maggie Mull et produite par 20th Television. Les fans sont très contents de regarder Maggie, et ils sont impatients de connaître la date de sortie de cette incroyable aventure. Comment regarder Maggie en ligne sur Hulu en France. Sachant que le contenu de la plateforme Hulu est géo
Formatdes Championnats du monde d’escrime 2022. Les Championnats du monde d’escrime du Caire 2022 se déroulent du 15 au 23 juillet, mais les premières médailles sont délivrées le 18 juillet au Cairo Stadium Indoor Halls Complex, dont la salle principale dispose de 20 000 spectateurs.. Pendant les trois premiers jours, les tours préliminaires des épreuves
Pourceux qui apprennent le français, nous avons sélectionné ici les meilleures séries françaises et les plus populaires en ce moment, pour apprendre la langue.Regarder des films et séries en version originale est en effet une méthode fun et efficace pour améliorer sa compréhension orale de la langue.Elle vous permet aussi d’enrichir votre vocabulaire avec des
nonton film the exorcism of emily rose sub indo. Ça va Beaucoup Mieux du 20 mars 2022 003350 Michel Cymes 95% des Français exposés à des risques sanitaires par manque d'activité physique 003350 95% des Français mettent leur santé en danger parce qu'ils sont sédentaires. Ce chiffre, tiré d'une étude de l'Anses, met en lumière l'absence de prise de conscience de nos compatriotes quant à la catastrophe sanitaire vers laquelle ils s'avancent. Courir ou marcher, c'est la solution pour préserver son capital santé sur le long terme. L'Anses ne prône pas spécialement le sport, elle parle bien d'activité physique, à savoir quand on marche dans la rue, quand on monte un escalier, quand on va et on vient, bref quand on bouge parce que l'on est en vie. Cela favorise notre métabolisme de base, de brûler des calories sans faire d'effort particulier. En écho à l'étude de l'Anses, 95% des Français ne bougent pas assez et ne font même pas le minimum. Comme il n'y a pas de fatalité, le docteur Claire Mounier, cardiologue au CHU de Lille, est revenu dans l'Hebdo de Ça Va Beaucoup Mieux ce dimanche 20 mars sur les façons de réapprendre à bouger pour préserver sa santé. L’actualité par la rédaction de RTL dans votre boîte mail. Grâce à votre compte RTL abonnez-vous à la newsletter RTL info pour suivre toute l'actualité au quotidien S’abonner à la Newsletter RTL Info
En ces temps de confinement, quoi de mieux qu’une liste de séries à découvrir ? Le magazine Forbes a révélé le top 25 des séries turques à ne pas manquer ! En première position, Çukur La fosse une série qui se déroule dans un quartier très dangereux du même nom. Assassinats, trafic d’armes, règlements de compte, trahison et coup de foudre… Tous les genres se confondent. En deuxième position, İstanbullu Gelin une histoire de famille entre conflits et réconciliations, cette série met en scène les relations entre belle-mère et belle-fille qui peuvent parfois être compliquées. S’en suit la série intitulée Diriliş Ertuğrul Resurrection Ertuğrul qui aborde l’histoire des guerres des tribus Kayi, des Templiers, des Mongols et de l’Empire Byzantin au XIIIe siècle, et du début de l’ascension de l’Empire ottoman. En quatrième position, Eskiya Dünyaya Hukumdar Olmaz Bandits qui raconte l’histoire d’un parrain de la mafia qui doit faire le choix entre trahir ses collègues mafieux ou garantir sa propre liberté. En cinquième position, la série Söz Promise raconte l’histoire d’un soldat turc qui va se retrouver, malgré lui, aux commandes d’une équipe de combattants antiterroristes prêts à se sacrifier pour protéger leur pays. En sixième position, Kadin Woman cette série nous fait découvrir l’histoire d’une mère veuve qui se bat pour subvenir aux besoins de ses deux enfants. Classée septième, la série Payitaht Abdülhamid retrace les évènements survenus pendant le règne du Sultan ottoman Abdülhamid II entre 1876 et 1909. En huitième position, Vatanım Sensin Ma patrie, c’est toi la série parle d’amour, de trahison et de sacrifice dans un contexte de guerre pendant les dernières années de l’Empire ottoman. En neuvième position, on retrouve Aşk ve Mavi un innocent jeté en prison, une femme assoiffée de vengeance et un amour impossible. Cette série mélange le drame, l’amour et la haine. En dixième position, la série Bizim Hikaye raconte l’histoire d’une jeune fille qui, après la mort de sa mère, se retrouve en charge de ses cinq petits frères et sœurs face à un père alcoolique. Elle est persuadée de n’avoir le temps que pour sa famille, jusqu’à ce que le destin lui prouve le contraire. 11ème position Savaşçı Warrior 12ème position Arka Sokaklar Black streets 13ème position Fazilet Hanım ve Kızları Mrs Fazilet and her daughters 14ème position Ufak Tefek Cinayetler Stiletto Vendetta 15ème position Cennetin Gözyaşları Tears of heaven 16ème position Yeni Gelin New bride 17ème position Siyah Beyaz Aşk Black and White love 18ème position Kanatsız Kuşlar Birds without wings 19ème position Beni Affet Forgive me 20ème position Adını Sen Koy You name it 21ème position Sen Anlat Karadeniz Tell it all, Black Sea 22ème position Aslan Ailem Aslan Family 23ème position Kalbimdeki Deniz The Sea inside my heart 24ème position Çocuklar Duymasın Don’t let the kids know 25ème position Şevkat Yerimdar It is my heart Abou el Amaim Nada
Résumé Index Plan Texte Bibliographie Notes Citation Auteur Résumés Par ses outils de lecture vidéo et son rythme de diffusion, Netflix promet aux amateurs de séries une expérience immédiate » remédiant à cette attente par essence télévisuelle qui sépare chaque épisode du suivant. Le spectateur devient ainsi son propre programmateur, libre de regarder des séries au moment et au rythme qui lui conviennent le mieux. Cependant, cette promesse d’un pouvoir élargi sur la sérialité s’accompagne de renoncements tacites que l’on peut décliner en trois catégories 1 Accéder à l’ensemble d’une saison sans devoir se plier à un rythme de diffusion par émiettement empêche de rêver collectivement la série. Sans un temps d’attente imposé entre chaque épisode, le spectateur perd naturellement de sa faculté à anticiper la suite et à s’interroger sur les significations de l’œuvre qu’il suit sur le long cours. 2 Parce qu’il est disponible sans attendre et se lance automatiquement jusqu’à terminer la saison en cours, l’épisode unitaire vu sur Netflix se fond dans la masse saisonnière. The OA Netflix, 2016- en fournit une illustration symptomatique en ne faisant apparaître son générique d’ ouverture » de pilote qu’au bout d’environ une heure, apparentant ce qui a précédé à un prologue ne pouvant être jugé intrinsèquement qu’à la lumière des épisodes suivants. 3 Après avoir implémenté une option de saut automatique du générique de fin et du Précédemment… » en 2013, Netflix propose désormais au spectateur de zapper le générique de début de chaque épisode d’une même saison afin de n’en conserver que le corps ». Ces options oblitèrent des fonctions narratives qu’il est pourtant important de rappeler, comme la préparation indicielle du spectateur aux rebondissements à venir, ou le prolongement de la diégèse par l’accompagnement musical. Through its video interface and its rate of diffusion, Netflix ensures TV series fans an “instant” experience, addressing the televisual delay that inherently separates one episode from another. Viewers thus become their own “Chief Content Officer”, free to watch series not only whenever they want, but also at their own pace. However, this promise of an expanded seriality mastering comes with several implicit losses that can be developed in three ways 1 Embracing a full season with no delay between episodes prevents viewers from dreaming TV series together. With each episode immediately at hand, they naturally forsake some of their ability to anticipate and to question the meanings of a long-term narration. 2 Being available immediately and running automatically until the end of the season, the single episode aired in the Netflix way becomes absorbed into a seasonal continuum. As a characteristic example of this statement, The OA Netflix, 2016- does not display its first “opening” credits before almost a full hour of what appears to be an unsettling prologue that – as is formally implied – cannot be judged before we have seen the end of the season. 3 After implementing an end credits and “Previously on” cutting option in 2013, Netflix now allows viewers to skip each episode’s opening credits so as to retain only its “dynamic” part. Yet, those functionalities obliterate narrative devices that shall be reminded, like inserting a few clues about events to come in the “Previously on” segment, or musically extending an episode’s narrative though the choice of a specific de page Entrées d’index Haut de page Texte intégral 1 Nous nous concentrerons ici sur les séries et mini-séries de fiction, même si Netflix propose par a ... 2 En juin 2019, l’offre Essentiel » de Netflix demeure établie à 7,99 € par mois en France définit ... 1Depuis sa création en 1997, la société américaine Netflix s’est attachée à apporter des solutions concrètes à des modes de consommation audiovisuelle jugés stagnants, voire archaïques. Cela a commencé en 1998 par la location de DVD par correspondance, s’est poursuivi en 2007 par la mise en ligne de vidéos accessibles à la demande VOD puis par abonnement SVOD, jusqu’au tournant de 2013, année du lancement de House of Cards 2013-2018 et d’une offre à 360 degrés fondée sur la mise en ligne de contenus originaux ou non, consultables à volonté, sans délai d’attente entre les épisodes1. S’est alors ouvert au consommateur un catalogue de contenu en perpétuelle expansion, fréquemment agrémenté de nouveautés en tout genre, accessible depuis de multiples supports ordinateur, tablette, smartphone, console de jeu, etc., à toute heure du jour et de la nuit, que l’on soit connecté à Internet ou non, pour un coût modeste versé sans engagement2. 2Par ses outils de lecture vidéo optimisée et son mode de diffusion délinéarisé, Netflix promet donc à l’amateur de séries une expérience augmentée » répondant le plus fidèlement possible à et même, anticipant ses besoins, tout en remédiant à cette attente par essence télévisuelle qui sépare chaque épisode du suivant. Le spectateur devient ainsi son propre programmateur, libre de définir la ligne éditoriale de son choix et de regarder les séries qu’il a sélectionnées au moment et au rythme qui lui conviennent le mieux, sans se soucier des résultats d’audience ni du risque potentiel de voir ces séries déplacées dans une autre case horaire ou annulées en cours de saison. Il prend ainsi le pouvoir sur les programmes à un degré plus avancé encore que ne le permirent des outils de stockage et de lecture optimisée tels que le magnétoscope, le lecteur DVD puis Blu-ray ou l’enregistreur numérique. 3 Cet article portera uniquement sur Netflix pour les trois raisons suivantes 1 il s’agit du leade ... 3Cependant – et c’est la thèse que je souhaite développer ici –, cette promesse d’un pouvoir élargi sur la sérialité s’accompagne de renoncements tacites dont commencent à apparaître les premiers signes tangibles, une demi-décennie après le positionnement de Netflix sur le marché de plus en plus concurrentiel de la SVOD à 360 degrés3. Primo, accéder à l’ensemble d’une saison sans devoir se plier à un rythme de diffusion par émiettement empêche de rêver collectivement la série. Libérés de toute obligation de respecter un rendez-vous, certains spectateurs en viennent mécaniquement à enchaîner les épisodes plutôt qu’à se languir en communauté physique ou virtuelle du prochain rendez-vous. Diffusée selon le modus operandi de Netflix, une série très suivie comme The Prisoner ITV, 1967-1968 n’aurait à ce titre pu susciter autant de débats et de quêtes de réponses que lors de sa première diffusion hebdomadaire sur la chaîne britannique ITV. Secundo, parce qu’il est disponible sans attendre et se lance automatiquement jusqu’à terminer la saison en cours, l’épisode unitaire vu sur Netflix se fond plus facilement dans la masse saisonnière, rognant ainsi sur l’aptitude du spectateur à porter un regard critique sur un épisode détaché de ceux qui lui succèdent. Nous le constaterons à travers l’exemple du pilote de The OA 2016-, dont le générique d’ ouverture », en n’apparaissant qu’au bout de 57 minutes sur une durée totale de 70 minutes, apparente tout ce qui a précédé à un prologue ne pouvant être jugé intrinsèquement qu’à la lumière des épisodes suivants, tel un chapitre de roman ou une séquence de film. Tertio, l’interface vidéo de Netflix propose plusieurs options saut du Précédemment… », du générique de début, des crédits de fin visant à ne conserver que le corps » de l’épisode, c’est-à-dire sa matière organique supposément non redondante. Ces options oblitèrent toutefois des fonctions narratives qu’il est important de rappeler le rafraîchissement de la mémoire et la préparation du spectateur aux rebondissements à venir Précédemment… », le spoiler indirect par l’image indicielle ou le crédit de guest-star dont on anticipe l’apparition fictionnelle générique de début, ou encore le prolongement de la diégèse par l’accompagnement musical ou, à l’inverse, le silence qui suit un événement traumatique générique de fin. 4Les libertés individuelles indéniables qu’offre un service de SVOD tel que celui proposé par Netflix s’accompagnent donc de changements concrets qu’il convient de ne surtout pas négliger à l’heure d’interroger l’influence des nouveaux canaux de diffusion sur la sérialité télévisuelle. Car la mutation des modes de réception entraîne forcément, à moyen et à long terme, celle des contenus eux-mêmes c’est donc la définition de la sérialité qui se joue dans la révolution numérique dont nous sommes les observateurs contemporains. La suite sans plus attendre une reconfiguration du rêve collectif ? 5Pour le chercheur spécialisé en TV studies, la création et la mise en ligne de séries originales selon le modèle adopté par Netflix invite avant toute chose à réviser son vocabulaire peut-on encore parler de séries télévisées » voire même de séries » tout court ? Fait-il encore sens d’employer le mot saison » ? Le néologisme américain binge watching » et ses dérivés francisés binge watcher », binger » mérite-t-il d’entrer dans le langage courant sans la moindre remise en cause ? Une chose est sûre ce qui pourrait s’apparenter au premier abord à des points de détail ne doit en aucun cas être mésestimé, car ces mots-là ont un sens qui dépasse de loin le cadre d’une nouvelle entrée sur le marché sériel mondial. 6Si l’on en croit Amanda Lotz, la télévision ne s’arrête pas au médium du même nom 4 Amanda D. Lotz, The Television Will Be Revolutionized, New York, New York University Press, 2007, p ... L’industrie télévisuelle américaine a beau se redéfinir, l’expérience spectatorielle de la télévision a beau elle aussi se redéfinir, notre perception intuitive de ce que l’on nomme la télévision demeure inchangée. […] Une télévision n’est pas qu’une machine. C’est aussi un ensemble d’usages et de pratiques qui ne peuvent lui être dissociées4. 5 Lotz, p. 59. 6 Si leur titre reprend le nom des quatre saisons qui composent une année, les épisodes de Gilmore Gi ... 7Les propos datent de 2007, à une époque si récente, et pourtant déjà si lointaine à l’échelle numérique où les séries télévisées n’étaient pas encore accessibles à la demande par abonnement – en précisant tout de même que la transition industrielle du flux5 » vers la publication » télévisuelle était déjà bien avancée sous l’influence successive des marchés de la vidéo, du DVD, du Blu-ray et de la VOD. Mais, surtout, Netflix n’avait pas encore pris le contrepied de plus d’un demi-siècle de diffusion télévisuelle fractionnée en mettant en ligne ses séries originales par saisons entières, sans imposer de délai d’attente entre les épisodes. Ou comment vider le terme saison » de sa substance puisque la diffusion des épisodes ne s’étend plus sur plusieurs mois mais sur une seule journée l’équivalent de la date de sortie » d’un roman en librairie, voilà qu’il revient exclusivement au spectateur de décider du rythme de diffusion qui sied le mieux à ses attentes6. Plus besoin de chercher à savoir quel jour, à quelle heure et sur quelle chaîne sera diffusé le prochain épisode il suffit de cliquer pour que celui-ci apparaisse instantanément dans sa file d’attente personnalisée. 7 Voir, par exemple Janet K. Halfyard, Sounds of Fear and Wonder. Music in Cult TV, Londres, ... 8J’en viens alors au néologisme binge watching » qui, d’un argument commercial popularisé par Netflix à partir du lancement de House of Cards en 2013, s’est peu à peu installé dans le langage courant des sériephiles, des critiques professionnels et même des chercheurs consacrant leurs travaux à la forme sérielle, qu’ils soient américains ou non7. L’expression dérive de binge drinking », qui désigne la recherche frénétique d’un état d’ivresse par la consommation excessive de boissons alcoolisées en un laps de temps réduit au minimum. Par analogie, binge watcher » une ou plusieurs séries consiste à regarder un grand nombre d’épisodes à la suite, sans faire de pause ni même laisser le temps à l’épisode en cours de se dérouler jusqu’à son terme nous y reviendrons dans la troisième partie de cet article. Une pratique qui n’a rien de nouveau si l’on considère que le magnétoscope, commercialisé à grande échelle aux États-Unis et en France dès le début des années 1980, permettait déjà de regarder des séries par saisons entières, soit après les avoir enregistrées lors de leur diffusion télévisée, soit en tirant profit du marché de la vidéo. 9La véritable différence se situe en réalité au niveau du temps et de l’expérience commune que continue d’offrir la télévision linéaire, aussi contestées soient ses contraintes liées aux coupures publicitaires et aux délais d’attente qui séparent la diffusion de chaque épisode. Selon les termes de Sarah Hatchuel 8 Sarah Hatchuel, Rêves et séries américaines. La fabrique d’autres mondes, Aix-en-Provence, Rouge pr ... [Les séries oniriques] nécessitent un temps de spéculation et d’interprétation qui a lieu entre la diffusion ou le visionnage des épisodes. Le temps de pause et d’attente devient le moment où tout peut arriver à la fois dans l’histoire, quant à la tournure que les prochains épisodes vont prendre, et dans l’esprit des spectateurs, qui anticipent la suite et s’interrogent sur les significations de l’œuvre. Ce temps de latence devient ainsi un temps de création où la série devient une fiction collective. Dans un système médiatique qui construit normalement une séparation étanche et hiérarchisée entre créateurs et spectateurs, se recrée alors une relation plus directe et interactive où l’on retrouve des caractéristiques du spectacle vivant8. 9 Jason Mittell, Complex TV. The Poetics of Contemporary Television Storytelling, New York, New York ... 10 Florent Favard, La série est un récit improvisé l’articulation de l’intrigue à long terme et ... 11 consulté le 2 août 2017. 12 consulté le 2 août 2017. 10Cette réflexion vaut certes avant tout pour une famille spécifique de séries celle que l’on qualifie d’oniriques, de complexes9 », de feuilletonnantes et/ou de mythologiques. Prenons l’exemple symptomatique de Lost, qui répond à tous ces critères à la fois par ses dimensions encyclopédique [et] symbolique10 », la série d’ABC a su démontrer combien un récit tentaculaire diffusé à un rythme hebdomadaire pouvait susciter d’exégèses et de discussions enflammées – démocratisées par les outils numériques – à même d’alimenter les réflexions des créateurs de la fiction en personne. A contrario, si elle avait été mise en ligne sur Netflix par saisons entières, la même fiction n’aurait en aucun cas pu générer la création d’encyclopédies collaboratives aussi exhaustives que Lost Wikia11 ou Lostpedia12, dans la mesure où l’élaboration de ce type de publication se fonde essentiellement sur un savoir empirique nourri de débats et de théories formulées au fil de l’eau et ne demandant qu’à être confirmées ou démenties par le dévoilement d’un pan caché de l’histoire. En outre, si le fait d’avoir accès à tous les épisodes d’une saison d’un seul coup permet de compresser le temps de visionnage et de mieux repérer les indices disséminés de part et d’autre du récit, la passion – et il en faut pour alimenter une encyclopédie quelle qu’elle soit – naît aussi du désir de connaître la suite, sans autre possibilité que d’attendre de voir sa patience récompensée. Comme l’explique Raphaël Baroni 13 Raphaël Baroni, La tension narrative. Suspense, curiosité et surprise, Paris, Seuil, 2007, p. 96. U ... L’ajournement de la livraison d’une information que le lecteur cherche à se représenter immédiatement […] amène l’interprète à s’interroger, à anticiper l’information provisoirement absente et, de cette manière, il participe activement à l’interaction discursive13. 14 La série de Chris Carter ayant effectué son retour sur Fox depuis 2016, il lui reste tout de même e ... 15 J’emploie cette expression à dessein plutôt qu’une traduction littérale de celle formulée en 2015 p ... 11En levant cet ajournement de l’information tant désirée parfois en vain, comme l’ont démontré les mystères finalement non résolus de séries mythologiques comme The X-Files14, Lost ou The Leftovers, l’offre totale » de Netflix déplace l’attente de l’interépisode à l’intersaison ; or, la période de trop-plein télévisuel15 » que nous traversons depuis 2010 entraîne inéluctablement un balayage accéléré de l’offre sérielle, auquel peu de créations originales semblent en mesure de résister citons tout de même le cas emblématique de Game of Thrones, dont la couverture médiatique est restée très active entre les saisons et, à plus forte raison, entre les épisodes diffusés à un rythme hebdomadaire par HBO. 12Mais au-delà d’un genre bien défini de séries triées sur le volet, c’est toute la forme sérielle qui perd de son interactivité interstitielle dès lors que s’efface l’attente imposée entre chaque épisode. Être à jour » sur une série de Netflix ne revient pas à en avoir vu le dernier épisode diffusé, mais à être parvenu au terme de sa dernière saison mise en ligne l’épisode – au sens unitaire du terme – ne peut donc plus s’entreprendre autrement que selon une perspective téléologique, sauf à risquer d’être en retard ou en avance sur son interlocuteur. En résulte une désynchronisation systématique qui se répercute autant sur la conception que sur la réception de l’œuvre, exposée et vue en deux temps potentiellement proches mais jamais identiques. Le spectateur a toujours la possibilité de se prêter à l’exercice stimulant de la spéculation et de l’interprétation entre les épisodes, mais il ne peut le faire dans le cadre d’un échange élargi au-delà du cercle de ses proches. 16 Eli Pariser, The Filter Bubble What the Internet Is Hiding from You, New York, Penguin Press, 2011 13Ses réflexions en viennent par conséquent à se nourrir d’elles-mêmes, redoublant ainsi le principe algorithmique autosuggestif de Netflix qui consiste à mettre en avant les contenus que ses abonnés sont censés avoir envie de voir en se basant sur leur historique de consommation – c’est-à-dire, en d’autres termes, à les inciter à voir ce qu’ils ont déjà vu. Dans le prolongement des moteurs de recherche par Internet et des réseaux sociaux, une plateforme de SVOD telle que Netflix entretient en effet une logique de bulles de filtres16 » selon laquelle ce que vous voyez est non seulement partiel, mais partial plus vous regardez de séries policières, plus vous êtes invitée à regarder de séries policières, pour prendre un exemple basique. Or, choisir une nouvelle série à regarder est une décision personnelle qui implique un paratexte jugé plus ou moins pertinent et fiable critiques, bouche-à-oreille, promotion, etc., mais aussi une humeur, un état de forme, une disponibilité émotionnelle, temporelle, une curiosité, une volonté de changement dont le poids décisionnel se voit aujourd’hui fortement remis en question. Même si, faut-il le préciser, le spectateur a toujours la possibilité de réaffirmer son libre arbitre et de contrecarrer ainsi les mécanismes motivant subrepticement ses choix sériels. L’épisode unitaire pris dans la masse saisonnière 14Se pose alors la question de l’influence formelle du mode de diffusion adopté par Netflix sur sa matière fictionnelle. Quel rôle jouent les non-chevauchements de la production et de la mise en ligne de chaque saison, l’assurance de ne pas voir une saison annulée en plein milieu de son écriture ou de son tournage, ou encore les largesses de durée et d’habillage dont bénéficient les différents épisodes dans le tissage et le déploiement des intrigues plus ou moins feuilletonnantes des séries originales de Netflix ? Vaste problématique qui nécessiterait, pour être pleinement traitée, d’embrasser toute la richesse et toute l’hétérogénéité d’une offre exponentielle où se côtoient aussi bien la sitcom que la série politique, le thriller que le teen drama, la comédie romantique que la série historique, de science-fiction ou d’horreur. Au lieu de cela, étudions une déclaration de Ted Sarandos, le directeur des programmes de Netflix, et vérifions si elle s’applique à la série feuilletonnante The OA dont la première saison a été mise en ligne par Netflix le 16 décembre 2016 en partant de l’hypothèse suivante l’épisode unitaire distribué selon le nouveau mode de diffusion développé par Netflix, parce qu’il vient se fondre dans la masse saisonnière fusse-t-elle réduite à huit épisodes, comme dans le cas de la saison inaugurale de The OA, se voit ouvertement incité à renoncer à une part de son autonomie et de sa valeur de microrécit. 17 Ted Sarandos cité par Emily Todd VanDerWerff, Netflix is accidentally inventing a new art form — ... 15D’après Ted Sarandos, qui s’appuie là sur un thriller de Netflix dont l’annulation sera finalement décrétée en amont de son troisième exercice pour un total de trente-trois épisodes La première saison de Bloodline est son pilote. Le premier épisode de Bloodline, a contrario, n’est pas son pilote17. » Emily Todd VanDerWerff, qui rapporte les propos du directeur des programmes, ajoute que ce dernier conçoit les épisodes de ses séries feuilletonnantes heavily serialized dramas » comme des chapitres faisant partie d’un tout, et non comme des objets unitaires n’appelant pas forcément de suite narrative directe standalone units ». Soit une remise en cause frontale du postulat de Florent Favard, selon lequel 18 Favard, p. 49. […] proposant toujours des épisodes qui valent pour eux-mêmes, et sans atteindre le continuum narratif infini représenté par le soap opera, les séries contemporaines opèrent généralement à deux niveaux, combinant les microrécits que sont les épisodes pour articuler des "arcs narratifs", des intrigues qui peuvent durer jusqu'à plusieurs saisons, voire l'intégralité du programme18. 19 Loc. cit. 20 Mittell, p. 29. 21 Mittell, p. 32. 16À en croire Ted Sarandos, le microrécit d’une série feuilletonnante de Netflix ne pourrait se lire qu’à l’échelle de la saison, et le macrorécit à l’échelle de la série tout entière d’un bout à l’autre de laquelle s’étendraient des arcs narratifs contraints de couvrir l’intégralité du programme. Ce qui priverait l’épisode de sa valeur d’ unité de récit microscopique19 » et le réduirait à l’état de maillon anonyme d’une chaîne n’ayant pour sa part plus de cohérence qu’en tant qu’objet fini, à rebours du modèle de télévision complexe entériné notamment par The Sopranos HBO, 1999-2007 en se fondant sur des intrigues épisodiques inscrites dans un monde fictionnel feuilletonnant en lien avec les arcs narratifs des principaux personnages20 ». Regarder un épisode de Bloodline 2015-2017 au hasard ou sans s’enquérir de la suite et fin de la saison et des suivantes, une fois mises en ligne ne ferait ainsi plus sens l’argument se veut bien entendu avant tout commercial, en ce qu’il invite l’abonné à revoir à la hausse le temps qu’il passe devant son écran de télévision connectée, d’ordinateur, de tablette, de smartphone tout en prenant à contrepied des networks ayant pour leur part longtemps misé sur la non-obligation de respecter un ordre prédéfini de diffusion des épisodes afin de faciliter leur redistribution sur le marché de la syndication21. Mais ce même argument tient-il quand on l’applique au contenu des séries originales de Netflix ? 22 Eric Newman cité par Ray Rahman, Narcos season 2 EP Eric Newman talks character's death and seri ... 17La construction narrative d’une série feuilletonnante comme Narcos Netflix, 2015-2017 nous apporte un premier élément de réponse, puisque ses saisons 1 et 2 couvrent l’ascension et la chute de Pablo Escobar à Medellín, tandis que les deux suivantes, commandées en même temps, étaient appelées à se pencher sur le développement du trafic de cocaïne dans le cartel de Cali la saison 4 sera finalement remodelée en 2018 en un spin-off intitulé Narcos Mexico et situé à Guadalajara. Voici donc d’emblée la notion netflixienne de macrorécit à l’échelle de la série renégociée l’argument tout à fait recevable avancé par le producteur exécutif Eric Newman étant que la série ne s’appelle pas Pablo Escobar ou Medellín, mais Narcos, ce qui implique qu’elle traite des narcotrafiquants au sens large22. En termes de microrécit, toutefois, une série feuilletonnante telle que The OA affiche à l’inverse une volonté délibérée de valider l’axiome de Ted Sarandos selon lequel le premier épisode n’est pas le pilote ». On l’a dit, sa première heure se déroule en effet sans afficher de générique d’ouverture ce n’est qu’à la 58e minute sur 70 qu’apparaît en surimpression la mention Netflix Presents » Fig. 1. Figure 1 Mention Netflix Presents » à la 58e minute du pilote de The OA S01E01 18La voix de l’héroïne, qui entame le récit de son enfance recluse en Russie en présence d’un groupe de soutien qu’elle a elle-même constitué, bascule alors dans le hors-champ puis dans le off, et un procédé transitionnel plus classique, combinant fondu enchaîné sur un visage filmé en gros plan et tintement des tiges d’un rideau de perles s’effaçant progressivement derrière des accords lancinants de violon, nous plonge dans un passé enneigé embrassé par une caméra aérienne à la trajectoire flottante. S’affichent désormais à l’écran le titre de la série et les noms de ses artisans de premier plan acteurs principaux, producteurs exécutifs, créateurs, scénaristes et réalisateur de l’épisode Fig. 2 à 4. Figure 2 Page de titre de The OA S01E01. Figure 3 Nom d’une actrice principale de The OA S01E01. Figure 4 Noms de producteurs exécutifs de The OA S01E01. 19Dix minutes plus tard, ce sera au reste des crédits de s’afficher en lettres blanches sur fond noir, avant de laisser place à la mention A Netflix Original Series » et aux logos des sociétés de production impliquées dans le projet Fig. 5 à 7. Ainsi s’achève le premier chapitre » de The OA – à défaut de parler de pilote au sens traditionnel du terme. Figure 5 Crédit de fin d’une coproductrice exécutive de The OA S01E01. Figure 6 Mention A Netflix Original Series » après les crédits de fin de The OA S01E01. Figure 7 Logo d’une société de production de The OA S01E01. 23 Dans le même ordre d’idées, on peut estimer qu’une série de network ou du câble ne saurait être jug ... 24 Là encore, on pourrait rétorquer que les pilotes de certaines séries de network ou du câble retar ... 20L’intention ne souffre en l’occurrence aucune ambiguïté il s’agit de pousser le spectateur à vouloir découvrir la suite au motif qu’il n’a encore rien vu, tout en rendant absurde l’idée de pouvoir émettre un avis définitif sur la série en n’en ayant vu qu’un seul épisode – de la même manière que l’on ne peut décemment prétendre avoir vu un film au seul regard de sa première scène, ou lu un livre au seul regard de son premier chapitre23. Le geste, pour le moins atypique en matière de création sérielle peut-on encore parler de générique d’ouverture à l’échelle de l’épisode unitaire ?, ne saurait en tout cas être dissocié du contexte de diffusion dans lequel s’inscrit la série24. Ainsi que l’explique Daniel Fienberg 25 Daniel Fienberg, 'The OA' TV Review », The Hollywood Reporter, 16 décembre 2016, consulté le 2 a ... The OA s’ouvre dans un mépris admirable de la narration épisodique. Le pilote, d’une durée de 70 minutes, pourrait bien établir le record du plus long délai avant l’apparition d’un générique d’ouverture. Cet épisode s’apparente plutôt à un prologue, mettant en place les pièces du puzzle avant d’enclencher la véritable narration de la série dans ses derniers instants. C’est une approche romanesque taillée pour le visionnage en continu [binge-viewing], la plus adaptée à leurs habitudes de consommation qu’aient jamais connue les abonnés de Netflix25. 26 À ce titre, l’argument éculé du long film » que reprend à son compte Peter Debruge ne tient pas. ... 21Pour autant, cela ne signifie pas que The OA se libère de toute obligation liée au découpage en épisodes. Chacun d’entre eux – sauf le premier, donc – s’ouvre en effet par une page de titre numérotée de 2 à 8 et se termine par l’affichage des crédits en lettres blanches sur fond noir Fig. 8 et 926. Figure 8 Page de titre numérotée de The OA S01E07. Figure 9 Crédit de fin d’une actrice principale de The OA S01E07. 22Les épisodes 2 à 7 indiquent également les noms des créateurs, du ou des scénaristes et du réalisateur en surimpression, juste après la page de titre Fig. 10 à 12. Figure 10 Noms des créateurs de The OA S01E07. Figure 11 Noms des scénaristes de The OA S01E07. Figure 12 Nom du réalisateur de The OA S01E07. 27 The OA Coming Part II Netflix », YouTube, 8 février 2017, consulté le 30 juillet 2017 http ... 23Mais, contrairement à l’usage courant, ces épisodes intermédiaires transvasent les autres crédits acteurs, producteurs, compositeur, monteur, etc. dans le générique de fin, dont la durée peut atteindre 3 minutes ; quant à l’épisode 8 qui conclut la première saison, il procède de la même façon avec les mentions Créé par », Écrit par » et Réalisé par », mais en les affichant en ordre inversé selon un habillage en miroir qui se destine résolument à répondre au premier épisode Fig. 13 à 15. Une conclusion provisoire avant la mise en ligne de la saison 2, sous-titrée en version originale Part II27 », comme la promesse d’un nouveau chapitre du roman sériel appelé de ses vœux par Ted Sarandos. Figure 13 Crédit de fin du réalisateur de The OA S01E08. Figure 14 Crédit de fin des scénaristes de The OA S01E08. Figure 15 Crédit de fin des créateurs de The OA S01E08. 24Sur le trajet de cette marche forcée vers le fin mot de l’histoire – qui, loin de s’opposer au plaisir pouvant être pris à regarder une série de Netflix, n’en dicte pas moins à l’abonné ses modalités de réception –, relevons la présence résiduelle de deux écueils à ne pas minimiser. Le premier concerne la participation du spectateur convié à s’engager dans une relation au long cours avec une série télévisée si, depuis les débuts de l’ère des networks américains, cette relation de confiance a toujours reposé sur l’envie dudit spectateur de revenir la semaine ou la rentrée suivante, la forcer au prétexte d’une incomplétude empêchant de porter un jugement critique viable sur une série mise en ligne par saisons entières peut être perçu comme un moyen détourné de nier à l’abonné de Netflix sa capacité à émettre un jugement de goût fragmentaire, tel un visiteur aspirant à jauger un tableau sans avoir à explorer toute la galerie d’art. Cela rejoint un autre déni problématique à mettre en exergue celui du droit à l’indépendance de l’épisode unitaire, pris dans un continuum narratif donc systémique, l’un et l’autre étant intimement liés qui finit par sceller son sort à la promesse du dénouement tant attendu. Prenant appui sur deux séries nées sur des plateformes de SVOD – en l’occurrence Jessica Jones 2015-2019 et Transparent Amazon, 2014-2019 –, Alan Sepinwall met ainsi en garde les responsables de ces projets nouvelle génération » contre un étirement superflu des arcs narratifs et un renoncement plus ou moins caractérisé à affubler chaque épisode d’une identité propre 28 Alan Sepinwall, Why your TV show doesn’t have to be a novel In defense of the episode », Uproxx, ... Au cours d’un entretien avec Jill Soloway au sujet de la deuxième saison à venir de Transparent, celle-ci m’a confié qu’elle commençait à considérer les épisodes comme interchangeables, une scène de l’un pouvant être intervertie avec une scène de l’autre. Pour elle et son équipe de scénaristes, une saison entière correspond désormais à un film de 5 heures28. 29 J’emploie le préfixe hyper » à dessein, car le processus de novélisation des séries télévisées a ... 30 Robert J. Thompson, Television’s Second Golden Age. From Hill Street Blues to ER, New York, Syracus ... 25À une expérience spectatorielle augmentée consistant à plonger en apnée dans un océan fictionnel dont le moindre détail ne pourrait prétendument nous échapper, se mêle alors le risque d’une hypernovélisation29 » artificielle de la sérialité télévisuelle, tendue par un besoin quasi-physique de tourner la dernière page » et de goûter un plaisir équivalent à celui que peut procurer la validation d’un acquis. Si cette sérialité – ou serial form30 », selon l’expression de Robert J. Thompson – a joué un rôle fondamental dans l’émergence du deuxième et, surtout, du troisième âge d’or de la télévision américaine après plusieurs décennies de séries majoritairement fermées et non extensives, l’avenir proche nous dira si nous ne sommes pas en train de basculer dans l’extrême inverse une sérialité intensive mise au service d’une fuite en avant de fictions au long cours n’ayant plus d’épisodique que le découpage réglementaire. Vers une redéfinition ontologique de la sérialité 31 En anglais, on nomme cette scène d’immersion immédiate un teaser » ou cold open ». Ce qui ren ... 32 Casey Newton, Netflix is testing a button for skipping the opening credits », The Verge, 17 mars ... 26Pour compléter cette réflexion sur la réception et la conception des séries originales de Netflix, étudions à présent l’envers de quelques fonctionnalités plus ou moins récentes de lecture vidéo proposées par le service de SVOD. Celui-ci permet depuis 2017 d’ ignorer le récap » le récapitulatif des événements narratifs précédents et d’ ignorer l’introduction » le générique ou la page de titre de l’épisode, quand bien même son temps d’affichage ne dépasse pas les 18 secondes comme c’est le cas pour la comédie romantique Love, 2016-2018, que ladite introduction fasse l’ouverture de l’épisode ou bien prenne le relais d’une scène préliminaire31. Cette double fonctionnalité peut être activée au cas par cas, manuellement, par le biais d’un bouton qui apparaît au moment opportun au-dessus de la barre de contrôle, ou automatiquement lorsque l’on regarde plusieurs épisodes d’une même saison à la suite32. Dans le deuxième scénario, un compte à rebours s’affiche également à la fin de l’épisode pour vous indiquer dans combien de secondes va se lancer l’épisode suivant un temps qui a d’ailleurs été réduit entre 2013 et 2018 pour les séries à succès telles que House of Cards et Orange Is the New Black. Le Centre d’aide de Netflix ajoute que 33 Comment puis-je empêcher la lecture automatique de l'épisode suivant d'une série ? », Netflix, co ... […] lorsque vous regardez plusieurs épisodes à la suite, l'épisode suivant démarre généralement après la séquence d'introduction ou le résumé de l'épisode précédent. Une fois que vous avez regardé les épisodes disponibles ou un film, certains appareils liront également des titres associés que nous pensons que vous aimerez33. 34 Richard Lawler, Netflix 'post-play' feature that automatically jumps to the next episode is now o ... 27Cette fonction de lecture automatique ou Postplay », activée par défaut, peut toutefois être désactivée en modifiant le paramétrage de son compte Netflix ce qui n’était pas possible entre sa mise en place en août 2012 et une mise à jour datant de janvier 201434, est-il tout de même important de signaler. Mais il n’en reste pas moins que l’affichage des crédits de fin se réduit systématiquement à une mini-fenêtre positionnée en haut à gauche de l’écran pour voir ces crédits en plein écran, il faut cliquer sur la mini-fenêtre avant que le compte à rebours ait fini de s’égrener. Le déclenchement de l’épisode suivant vient donc se fondre dans l’achèvement de l’épisode en cours de diffusion, tel un mix musical rognant sur l’intégrité de chaque morceau diffusé. 28L’objectif de ces fonctionnalités de lecture vidéo est clair optimiser le temps de visionnage en ne conservant que ce que nous avons nommé le corps de chaque épisode, et en dispensant le spectateur de toute marque ostensible de répétition le paratexte constitué du rappel des événements précédents, de l’immuable générique de début ainsi que des crédits de fin. En d’autres termes, lui donner le sentiment de regarder non plus des épisodes, mais un long épisode virtuellement débarrassé de toute redondance. En dépit des questions éthiques que soulève l’automatisation de telles possibilités – rappelons simplement que chaque crédit censé s’afficher à l’écran en début ou en fin d’épisode implique un professionnel ayant contribué à l’élaboration de l’œuvre diffusée –, cette pratique s’inscrit dans le prolongement logique du mode opératoire de networks ayant déjà depuis longtemps pris l’habitude de remplacer les génériques de début d’épisode par de fugaces pages de titre, sans parler de leur propension de plus en plus appuyée à faire défiler les crédits de fin à toute vitesse dans une mini-fenêtre accolée soit à l’annonce du programme suivant, soit à un encart publicitaire. Cependant, une réorientation paradigmatique du pouvoir de décision dont bénéficie le spectateur est à relever dans le cas du service proposé par Netflix si celui-ci avait déjà tout loisir, avec le magnétoscope, le lecteur DVD puis l’enregistreur numérique, de zapper certains passages jugés superflus du programme qu’il était en train de regarder, il est désormais ouvertement incité à le faire par le biais de boutons dont l’apparition en temps voulu signale le caractère facultatif de certaines portions de contenu le Précédemment », le générique de début ; signalons en outre que ce même spectateur doit aller jusqu’à s’opposer manuellement à la réduction de certains segments les crédits de fin, voire à leur oblitération pure et simple selon le paramétrage par défaut à la fois le Précédemment », le générique de début et le générique de fin en lecture automatique. Lutter pour voir drôle de paradoxe pour une plateforme misant ouvertement sur l’accessibilité et l’interconnectivité à toute épreuve de ses programmes… 35 Consulter, par exemple, les théories d’Éric Vérat sur les histoires » que nous racontent les géné ... 36 Ajoutons que la quality TV se caractérise entre autres par la beauté formelle de ses génériques d ... 37 Chuck Lorre, le créateur de sitcoms à succès telles que Dharma & Greg ABC, 1997-2002, Two and a H ... 29Ce qu’implique plus insidieusement l’apparition de ces nouvelles fonctionnalités de lecture est une renégociation du champ d’action de l’épisode de série télévisée. Celui-ci posséderait un corps dynamique et des extrémités statiques, dispensables car non diégétiques ; or, l’histoire du médium télévisuel a montré à maintes reprises combien ces extrémités prétendument superflues pouvaient participer de la compréhension et de l’appréciation de l’épisode en tant qu’objet intègre35. Le rappel des événements précédents peut convoquer un personnage disparu plusieurs saisons plus tôt, nous alertant ainsi sur un rebondissement à venir ou, au contraire, nous induisant sciemment en erreur en nous mettant sur une fausse piste. Le générique de début peut se remodeler à chaque saison, voire à chaque épisode – comme c’est le cas pour celui de Game of Thrones –, nous donnant ainsi des indications sur la suite à venir sous forme d’indices visuels ou de crédits préfigurant l’apparition de tel ou tel personnage ces mêmes crédits pouvant aussi, à l’inverse, se voir déportés à la fin de l’épisode afin de préserver l’effet de surprise, selon une dialectique qui témoigne des rapports d’échanges possibles entre les deux extrémités de l’épisode36. Les crédits de fin peuvent quant à eux rendre hommage à un collaborateur disparu, contenir des noms d’emprunt ou des messages cachés37, sans négliger une couche diégétique additionnelle dont la plus-value spectatorielle peut s’avérer fondamentale la musique d’accompagnement, dont les sonorités ou les paroles ont le pouvoir de prolonger notre immersion et de résonner avec ce que nous venons de voir. Comme l’explique Janet Halfyard 38 Janet K. Halfyard, op. cit., p. 68. En étendant musicalement la narration par le biais d’une chanson spécifique, propre à l’épisode et en corrélation notable avec les événements qui y ont été dépeints, une séquence de crédits de fin peut prolonger cet épisode sur le plan dramatique et non plus seulement structurel, repositionnant ainsi la frontière qui sépare le monde réel du monde fictionnel38. 39 Benjamin Campion, Cet instant particulier où la série se fait silence », Des séries… et des homme ... 30Parmi les pionniers du genre, The Sopranos s’est particulièrement appliqué à enrichir musicalement le long défilement cinématographique » de ses crédits de fin. Éduqué à accompagner jusqu’à la dernière seconde chacun des quatre-vingt-cinq premiers épisodes de la série mafieuse de David Chase, le spectateur a pu d’autant plus facilement tomber dans la feinte exécutée par son épisode final, dont l’issue s’est signalée par une coupe en plein milieu d’une chanson de Journey, Don’t Stop Believin', ayant débouché sur plusieurs secondes de silence sur fond noir suivies de plus d’une minute de crédits finaux, eux aussi privés de tout accompagnement sonore39. Là encore, une diffusion effectuée selon le modus operandi de Netflix n’aurait en aucun cas pu avoir le même impact et continuer d’alimenter à ce point encore aujourd’hui les conversations autour du meilleur moyen de conclure une série télévisée. Car la déflagration produite par une variation soudaine est proportionnelle au niveau de confort dans lequel a pu s’installer le spectateur à force de répétition ; renier cette répétition, c’est renoncer à susciter tout effet de surprise. 31Cela vaut aussi pour les appendices inattendus et d’autant plus remarquables que l’on trouve parfois après le défilement des crédits de fin censés ramener le spectateur dans le monde réel, comme ces plans-séquences venus prolonger les épisodes conclusifs des saisons 1 et 2 de Mr. Robot USA Network, 2015-2019, ou cette courte scène additionnelle ayant servi de cliffhanger à la saison inaugurale de Legion FX, 2017-2019. Telle une piqûre de rappel les anglophones emploient pour la désigner le mot stinger », du verbe sting » qui signifie piquer, cette technique ne peut elle aussi s’apprécier pleinement qu’à partir du moment où l’on accepte de perdre le contrôle du visionnage et d’embrasser l’épisode dans sa globalité, de la première à la dernière minute. Dès lors que l’affichage des crédits de fin se réduit à une mini-fenêtre – ou, à l’inverse, reste en plein écran de manière inhabituelle –, c’est tout le charme de la fiction qui se voit rompu en un instant. À la promesse d’un confort de lecture optimal s’oppose ainsi la tangibilité d’une expérience spectatorielle n’ayant en l’occurrence rien d’ augmentée » – bien au contraire. Reste désormais à observer et à interroger la capacité des séries télévisées, des saisons et des épisodes qui les constituent à contrer les effets de compression et de dilution évoqués dans le présent article. Ce serait un nouveau signe patent de leur pouvoir de résilience et de réinvention à toute épreuve. Haut de page Bibliographie BARONI, Raphaël, La tension narrative. Suspense, curiosité et surprise, Paris, Seuil, 2007. CAMPION, Benjamin, Cet instant particulier où la série se fait silence », Des séries… et des hommes, 1er août 2017, consulté le 2 août 2017 CAMPION, Benjamin, La critique sérielle à l’ère du trop-plein télévisuel "Tu n’as rien vu à Hollywood" », colloque Cinéphilies / Sériephilies perspectives internationales », Paris, Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3, 9 juin 2017. CAMPION, Benjamin, The X-Files – Ce n'est que le début », Des séries… et des hommes, 31 mars 2016, consulté le 2 août 2017 CARDWELL, Sarah, Is Quality Television Any Good? Generic Distinctions, Evaluations and the Troubling Matter of Critical Judgement », in Quality TV. Contemporary American Television and Beyond, éd. MCCABE Janet et AKASS Kim, Londres, 2007, p. 19-34. DEBRUGE, Peter, Why The OA’ Is One of the Year’s Most Important Films », Variety, 24 décembre 2016, consulté le 30 juillet 2017 FAVARD, Florent, La série est un récit improvisé l’articulation de l’intrigue à long terme et la notion de "mythologie" », Télévision, n° 7, Paris, CNRS Éditions, 2016, p. 49-64. FIENBERG, Daniel, 'The OA' TV Review », The Hollywood Reporter, 16 décembre 2016, consulté le 2 août 2017 GITTELL, Noah, Why Netflix's 'skip intro' feature is bad news for classic films », The Guardian, 15 mai 2017, consulté le 2 août 2017 HALFYARD, Janet K., Sounds of Fear and Wonder. Music in Cult TV, Londres, 2016. HATCHUEL, Sarah, Rêves et séries américaines. La fabrique d’autres mondes, Aix-en-Provence, Rouge profond, 2016. LAWLER, Richard, Netflix 'post-play' feature that automatically jumps to the next episode is now optional », Engadget, 24 janvier 2014, consulté le 31 juillet 2017 LOTZ, Amanda D., The Television Will Be Revolutionized, New York, New York University Press, 2007. MCGRATH, Charles, The Triumph of the Prime-Time Novel », The New York Times, 22 octobre 1995, consulté le 17 novembre 2018 MITTELL, Jason, Complex TV. The Poetics of Contemporary Television Storytelling, New York, New York University Press, 2015. NEWTON, Casey, Netflix is testing a button for skipping the opening credits », The Verge, 17 mars 2017, consulté le 31 juillet 2017 PARISER, Eli, The Filter Bubble What the Internet Is Hiding from You, New York, Penguin Press, 2011. RAHMAN, Ray, Narcos season 2 EP Eric Newman talks character's death and series' future », Entertainment Weekly, 2 septembre 2016, consulté le 30 juillet 2017 SEPINWALL, Alan, Why your TV show doesn’t have to be a novel In defense of the episode », Uproxx, 24 novembre 2015, consulté le 30 juillet 2017 THOMPSON, Robert J., Television’s Second Golden Age. From Hill Street Blues to ER, New York, Syracuse University Press, 1996. VANDERWERFF, Emily Todd, Netflix is accidentally inventing a new art form — not quite TV and not quite film », Vox, 30 juillet 2015, consulté le 28 juillet 2017 VERAT, Éric, Génériques ! Les séries américaines décryptées, Montélimar, Les moutons électriques, 2012. Haut de page Notes 1 Nous nous concentrerons ici sur les séries et mini-séries de fiction, même si Netflix propose par ailleurs un grand nombre de films, de documentaires, de talk-shows, de spectacles de stand-up, de programmes pour enfants et de téléréalité. 2 En juin 2019, l’offre Essentiel » de Netflix demeure établie à 7,99 € par mois en France définition standard, un seul écran à la fois, premier mois offert. 3 Cet article portera uniquement sur Netflix pour les trois raisons suivantes 1 il s’agit du leader actuel du marché mondial de la SVOD ; 2 son offre en matière de création originale dépasse de loin en volume celle de ses concurrents directs que sont Amazon, Hulu ou encore Crackle ; 3 son service de SVOD est disponible en France depuis le 15 septembre 2014. 4 Amanda D. Lotz, The Television Will Be Revolutionized, New York, New York University Press, 2007, p. 21-29. Toutes les traductions de l’anglais vers le français sont de l’auteur. 5 Lotz, p. 59. 6 Si leur titre reprend le nom des quatre saisons qui composent une année, les épisodes de Gilmore Girls A Year in the Life 2016, d’une durée totale de 6h10, ont ainsi paradoxalement pu se voir en première fenêtre en l’espace d’un après-midi. Il faut toutefois préciser que certaines séries de Netflix voient leurs saisons décomposées en deux parties » afin d’être mises en ligne à deux périodes distinctes de l’année, telles que The Ranch 2016-2020 depuis ses débuts ou Unbreakable Kimmy Schmidt 2015-2019 à l’occasion de sa quatrième et dernière saison. 7 Voir, par exemple Janet K. Halfyard, Sounds of Fear and Wonder. Music in Cult TV, Londres, 2016, p. 46-47. 8 Sarah Hatchuel, Rêves et séries américaines. La fabrique d’autres mondes, Aix-en-Provence, Rouge profond, 2016, p. 288. 9 Jason Mittell, Complex TV. The Poetics of Contemporary Television Storytelling, New York, New York University Press, 2015. 10 Florent Favard, La série est un récit improvisé l’articulation de l’intrigue à long terme et la notion de "mythologie" », Télévision, n° 7, Paris, CNRS Éditions, 2016, p. 62. 11 consulté le 2 août 2017. 12 consulté le 2 août 2017. 13 Raphaël Baroni, La tension narrative. Suspense, curiosité et surprise, Paris, Seuil, 2007, p. 96. Une réflexion dont prend l’exact contrepied le compte Twitter franco-belge de Netflix en clamant Les vrais n'attendent pas 15 secondes pour passer au prochain épisode » Twitter, 30 juillet 2017, consulté le 2 août 2017 14 La série de Chris Carter ayant effectué son retour sur Fox depuis 2016, il lui reste tout de même encore la possibilité de clarifier certaines zones d’ombre de son spectre fictionnel. Précisons également qu’elle a déjà répondu à certaines questions majeures, comme l’enlèvement de la sœur de Mulder dont la biographie [a été] entièrement écrite » selon Sullivan Le Postec cité par Benjamin Campion, The X-Files – Ce n'est que le début », Des séries… et des hommes, 31 mars 2016, consulté le 2 août 2017 15 J’emploie cette expression à dessein plutôt qu’une traduction littérale de celle formulée en 2015 par le président de FX John Landgraf, Peak TV », car elle dénote une saturation du marché télévisuel sans pour autant postuler son plafonnement à court terme. Avec l’arrivée prochaine de nouvelles plateformes de diffusion comme Disney+ et Apple TV+, le marché télévisuel s’avère en effet encore en extension. Benjamin Campion, La critique sérielle à l’ère du trop-plein télévisuel "Tu n’as rien vu à Hollywood" », colloque Cinéphilies / Sériephilies perspectives internationales », Paris, Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3, 9 juin 2017. 16 Eli Pariser, The Filter Bubble What the Internet Is Hiding from You, New York, Penguin Press, 2011. 17 Ted Sarandos cité par Emily Todd VanDerWerff, Netflix is accidentally inventing a new art form — not quite TV and not quite film », Vox, 30 juillet 2015, consulté le 28 juillet 2017 18 Favard, p. 49. 19 Loc. cit. 20 Mittell, p. 29. 21 Mittell, p. 32. 22 Eric Newman cité par Ray Rahman, Narcos season 2 EP Eric Newman talks character's death and series' future », Entertainment Weekly, 2 septembre 2016, consulté le 30 juillet 2017 23 Dans le même ordre d’idées, on peut estimer qu’une série de network ou du câble ne saurait être jugée à l’aune de son seul pilote. La différence centrale se situe cependant dans l’intentionnalité en effet, la démarche de Netflix ne consiste pas à donner sa chance à une saison constituée d'unités discrètes, mais à retenir le spectateur après le premier chapitre d'un ouvrage dont les épisodes ne sont plus des unités discrètes. On voit ainsi bien comment deux résultats similaires en apparence peuvent abriter, à y regarder de plus près, des stratégies éditoriales foncièrement différentes. 24 Là encore, on pourrait rétorquer que les pilotes de certaines séries de network ou du câble retardent » eux aussi la diffusion du générique d’ouverture dans la mesure où celui-ci n’apparaît qu’à partir du deuxième épisode de la série. Mais cela est généralement lié à des questions de production la conception d’un générique peut s’avérer assez coûteuse plutôt que de réception. La notion de pilote au sens d’une mise à l’essai conditionnant la commande d’une saison entière étant étrangère à une plateforme comme celle de Netflix, le retardement du générique d’ouverture ne vise donc pas à répondre à une contrainte mais à produire un effet. 25 Daniel Fienberg, 'The OA' TV Review », The Hollywood Reporter, 16 décembre 2016, consulté le 2 août 2017 26 À ce titre, l’argument éculé du long film » que reprend à son compte Peter Debruge ne tient pas. En postulant que The OA est un film de plus de 7 heures divisé en huit chapitres », ce dernier omet en effet volontiers ces marques de découpage sériel que sont les pages de titre et – surtout – les crédits de fin, que l’on ne retrouverait pas à l’issue de chaque scène ou de chaque séquence d’un long-métrage traditionnel Peter Debruge, Why The OA’ Is One of the Year’s Most Important Films », Variety, 24 décembre 2016, consulté le 30 juillet 2017 27 The OA Coming Part II Netflix », YouTube, 8 février 2017, consulté le 30 juillet 2017 28 Alan Sepinwall, Why your TV show doesn’t have to be a novel In defense of the episode », Uproxx, 24 novembre 2015, consulté le 30 juillet 2017 29 J’emploie le préfixe hyper » à dessein, car le processus de novélisation des séries télévisées a été enclenché dès les années 1990 par les networks américains, avant de devenir l’apanage des chaînes du câble premium puis basique. À propos des prémisses de cette tendance narrative sérielle, consulter Charles McGrath, The Triumph of the Prime-Time Novel », The New York Times, 22 octobre 1995, consulté le 17 novembre 2018 30 Robert J. Thompson, Television’s Second Golden Age. From Hill Street Blues to ER, New York, Syracuse University Press, 1996, p. 31. 31 En anglais, on nomme cette scène d’immersion immédiate un teaser » ou cold open ». Ce qui rend particulièrement confuse la dénomination anglaise employée par Netflix, Skip intro », dans la mesure où l’action correspondante ne consiste pas à sauter l’introduction de l’épisode mais bien son générique. 32 Casey Newton, Netflix is testing a button for skipping the opening credits », The Verge, 17 mars 2017, consulté le 31 juillet 2017 33 Comment puis-je empêcher la lecture automatique de l'épisode suivant d'une série ? », Netflix, consulté le 31 juillet 2017 34 Richard Lawler, Netflix 'post-play' feature that automatically jumps to the next episode is now optional », Engadget, 24 janvier 2014, consulté le 31 juillet 2017 35 Consulter, par exemple, les théories d’Éric Vérat sur les histoires » que nous racontent les génériques de séries télévisées américaines Éric Vérat, Génériques ! Les séries américaines décryptées, Montélimar, Les moutons électriques, 2012, p. 62. 36 Ajoutons que la quality TV se caractérise entre autres par la beauté formelle de ses génériques de début, dont Sarah Cardwell compare l’esthétique à celle de films d’art » Sarah Cardwell, Is Quality Television Any Good? Generic Distinctions, Evaluations and the Troubling Matter of Critical Judgement », in Quality TV. Contemporary American Television and Beyond, éd. Janet McCabe et Kim Akass, Londres, 2007, p. 28-29. Prenant les exemples de Six Feet Under HBO, 2001-2005 et de Nip/Tuck FX, 2003-2010, celle-ci précise que leur générique n’invite pas seulement le spectateur à assimiler, mais plus largement à interpréter et à ruminer les questions qu’ils soulèvent, bien au-delà du premier visionnage. En cela, la distinction franche qu’opère Noah Gittell entre le générique de film et le générique de série télévisée mériterait d’être nuancée, tant elle ne s’applique pas à tous les cas de figure Noah Gittell, Why Netflix's 'skip intro' feature is bad news for classic films », The Guardian, 15 mai 2017, consulté le 2 août 2017 37 Chuck Lorre, le créateur de sitcoms à succès telles que Dharma & Greg ABC, 1997-2002, Two and a Half Men CBS, 2003-2015, The Big Bang Theory CBS, 2007-2019 et Mom CBS, 2013-, va jusqu’à détourner les vanity cards habituellement dédiées aux logos des maisons de production en toute fin d’épisode. Celles-ci lui offrent un terrain de jeu original pour rendre hommage à des disparus ou régler des comptes avec des groupes de pression en se servant de photos ou de textes quasi subliminaux, qui nécessitent un arrêt sur image pour être parcourus entièrement. 38 Janet K. Halfyard, op. cit., p. 68. 39 Benjamin Campion, Cet instant particulier où la série se fait silence », Des séries… et des hommes, 1er août 2017, consulté le 2 août 2017 de page Table des illustrations Titre Figure 1 Mention Netflix Presents » à la 58e minute du pilote de The OA S01E01 URL Fichier image/jpeg, 64k Titre Figure 2 Page de titre de The OA S01E01. URL Fichier image/jpeg, 180k Titre Figure 3 Nom d’une actrice principale de The OA S01E01. URL Fichier image/jpeg, 172k Titre Figure 4 Noms de producteurs exécutifs de The OA S01E01. URL Fichier image/jpeg, 140k Titre Figure 5 Crédit de fin d’une coproductrice exécutive de The OA S01E01. URL Fichier image/jpeg, 52k Titre Figure 6 Mention A Netflix Original Series » après les crédits de fin de The OA S01E01. URL Fichier image/jpeg, 56k Titre Figure 7 Logo d’une société de production de The OA S01E01. URL Fichier image/jpeg, 32k Titre Figure 8 Page de titre numérotée de The OA S01E07. URL Fichier image/jpeg, 124k Titre Figure 9 Crédit de fin d’une actrice principale de The OA S01E07. URL Fichier image/jpeg, 48k Titre Figure 10 Noms des créateurs de The OA S01E07. URL Fichier image/jpeg, 152k Titre Figure 11 Noms des scénaristes de The OA S01E07. URL Fichier image/jpeg, 76k Titre Figure 12 Nom du réalisateur de The OA S01E07. URL Fichier image/jpeg, 68k Titre Figure 13 Crédit de fin du réalisateur de The OA S01E08. URL Fichier image/jpeg, 84k Titre Figure 14 Crédit de fin des scénaristes de The OA S01E08. URL Fichier image/jpeg, 84k Titre Figure 15 Crédit de fin des créateurs de The OA S01E08. URL Fichier image/jpeg, 82k Haut de page Pour citer cet article Référence électronique Benjamin Campion, Regarder des séries sur Netflix l’illusion d’une expérience spectatorielle augmentée », TV/Series [En ligne], 15 2019, mis en ligne le 16 juillet 2019, consulté le 22 août 2022. URL ; DOI de page Auteur Benjamin CampionDoctorant en études cinématographiques et audiovisuelles, Benjamin Campion prépare une thèse sur la nudité frontale et le sexe explicite dans les séries télévisées de HBO. Auteur des monographies Le concept HBO. Élever la série télévisée au rang d’art Presses universitaires François-Rabelais, 2018 et Damages. Une justice à deux visages Atlande, 2016, il est également membre du groupe universitaire GUEST-Occitanie et responsable du blog Séries officiel du journal Libération, Des séries… et des Campion is a PhD student working on full-frontal nudity and explicit sex in HBO’s original TV series. He is the author of Le concept HBO Élever la série télévisée au rang d’art Presses universitaires François-Rabelais, 2018 and Damages Une justice à deux visages Atlande, 2016. He is also a member of the academic group GUEST-Occitanie, and TV blog editor for the newspaper Libération Des séries… et des hommes.Articles du même auteur Haut de page
Films À propos de Cherche gendre pour père turc Hatice, journaliste hambourgeoise de 34 ans à la vie bien remplie, cherche tant bien que mal à concilier sa vie de femme indépendante avec la pression des traditions familiales turques. Alors qu’elle vient de rompre avec son compagnon – trop macho à son goût – au moment même où elle allait le présenter à ses parents, elle apprend que sa petite sœur Fatma est enceinte celle-ci devra convoler sans attendre avec le père de l’enfant. Mais pour le patriarche Ismail, à cheval sur les coutumes anatoliennes malgré son amour pour son pays d’adoption, pas question de marier la cadette si l’aînée est encore célibataire ! Hatice doit donc se trouver de toute urgence le fiancé idéal, compatible avec ses exigences et celles de la famille. Mission quasi impossible… Où pouvez-vous regarder Cherche gendre pour père turc en ligne ? Films suggérés
Vous êtes à la recherche d’une bonne série à regarder pour occuper vos soirées ? Ça tombe bien, car l’année 2020 a commencé en beauté avec des nouvelles séries surprenantes et des saisons inédites de vos séries préférées. Découvrez sans plus attendre le top 10 des meilleures séries à regarder en 2020. 1. La Casa de Papel De quoi ça parle ? Réalisée par Álex Pina, La Casa de Papel est l’une des meilleures séries à regarder en 2020. Si vous avez déjà vu les premières saisons, ne manquez pas la saison 4 qui vient de sortir au mois d’avril pour suivre les nouvelles aventures de vos bandits préférés. L’histoire commence avec un homme mystérieux qui se fait appeler El Profesor le Professeur et qui recrute une équipe de huit malfaiteurs pour réaliser le braquage le plus ingénieux et le plus frissonnant d’Espagne. Du suspense, de l’action, des rebondissements sous haute tension… La Casa de Papel doit son succès à son scénario en béton et à ses protagonistes emblématiques. Avec quels acteurs ? Álvaro Morte le Professeur Itziar Ituño Raquel Úrsula Corberó Tokyo Alba Flores Nairobi Pedro Alonso Berlin Miguel Herrán Rio Jaime Lorente Denver Sur quelle plateforme ? Netflix 2. I Am Not Okay With This De quoi ça parle ? Si vous aimez les comédies dramatiques, vous allez adorer cette mini-série inspirée du roman graphique de Charles Forsman. Sortie en février 2020, I Am Not Okay With This raconte l’histoire de Sydney, une adolescente qui doit faire face à ses relations amoureuses, amicales et familiales complexes. Une vie d’adolescente compliquée classique, jusqu’à ce qu’elle découvre qu’elle possède des super pouvoirs. Sydney va alors tenter de maîtriser ses nouveaux pouvoirs tant bien que mal, tout en essayant de gérer ses relations chaotiques. L’art de mêler l’humour et la violence en 7 épisodes de 20 minutes. Avec quels acteurs ? Sophia Lillis Sydney Sofia Bryant Dina Wyatt Oleff Stanley Sur quelle plateforme ? Netflix A lire également 3 astuces pour trouver des séries à regarder 3. Elite De quoi ça parle ? Vous n’avez pas encore vu les premières saisons de la série espagnole Elite sortie en 2018 ? C’est le moment de regarder tous les épisodes pour accueillir la saison 3 qui vient de sortir en mars 2020. Trois étudiants de la classe ouvrière sont admis dans l’école la plus compétitive et la plus réputée d’Espagne, suite à la destruction de leur établissement. Ils pensaient être chanceux, mais cette admission à Las Encinas est en réalité sur le point de changer leur vie à tout jamais. L’intrigue tourne autour d’une enquête qui vise à retrouver le tueur de Marina, une riche étudiante qui avait tout pour réussir avant de rencontrer ses nouveaux camarades. La confrontation entre les différentes classes sociales va rapidement créer des tensions et révéler le vrai visage des protagonistes. En résumé, Elite est une série dramatique au suspense insoutenable et sans aucun doute l’une des meilleures séries de l’année 2020. Avec quels acteurs ? María Pedraza Marina Jaime Lorente Nano Miguel Herrán Christan Mina El Hammani Nadia Miguel Bernardeau Guzmán Danna Paola Lucrecia Ester Expósito Carla Sur quelle plateforme ? Netflix 4. Messiah De quoi ça parle ? Sortie en janvier 2020, Messiah qui signifie littéralement le Messie, est une série mystérieuse qui aborde des sujets délicats tels que la politique et la religion. Messiah narre le récit d’une figure énigmatique dont l’apparition suscite le doute est-il vraiment une entité divine, ou bien un imposteur dangereux ? Pour le savoir, un agent de la CIA va mener l’enquête sur cet homme qui prétend être le Messie et semble capable de réaliser des miracles. Un thriller provoquant qui invite à la réflexion sur la façon dont la société moderne pourrait réagir face à l’apparition d’un tel personnage. Comment démêler le vrai du faux lorsque les réseaux sociaux et les médias s’emparent du sujet ? C’est ce que la série Messiah vous invite à découvrir. Avec quels acteurs ? Mehdi Dehbi Al Massih Michelle Monaghan Eva Geller Tomer Sisley Avrim Daham Melinda Page Hamilton Anna Iguero Sur quelle plateforme ? Netflix 5. The Outsider De quoi ça parle ? The Outsider est une série d’horreur sortie début 2020 inspirée du roman de Stephen King. Tout commence lorsque le corps d’un jeune garçon de onze ans est retrouvé dans un parc de la ville d’Oklahoma. Les témoins oculaires, les empreintes digitales et toutes les preuves mènent sans aucun doute vers Terry Maitland, l’un des habitants les plus respectés de la ville. Le détective Ralph Anderson est chargé de mener l’enquête et semble convaincu de la culpabilité de Maitland, même si ce dernier présente un alibi solide. L’investigation passe à la vitesse supérieure et vous laisse face à un suspense insoutenable comme seul Stephen King sait le provoquer. Une série intrigante et des révélations glaçantes qui vont vous tenir en haleine jusqu’à la fin. Avec quels acteurs ? Ben Mendelsohn Ralph Anderson Jason Bateman Terry Maitland Jeremy Bobb Alec Pelley Julianne Nicholson Mercy Maitland Marc Menchaca Jack Hoskins Mare Winningham Jeannie Anderson Sur quelle plateforme ? OCS 6. Dracula De quoi ça parle ? La mini-série britannique Dracula sortie en janvier 2020 revisite le mythe du plus célèbre des vampires créé par l’écrivain irlandais Bram Stoker. Une histoire à la fois emblématique et démoniaque qui se déroule en trois épisodes. Dans cette nouvelle version, le comte Dracula fait la rencontre de la Soeur Agatha, une nonne au profil atypique qui doute fortement de l’existence de Dieu. De son côté, Jonathan Harker raconte à cette nonne, la torture physique et psychologique qu’il a vécu dans le château de Dracula en Transylvanie. Comment s’en est-il sorti ? Un récit terrifiant et revisité d’une façon dont vous ne l’avez encore jamais entendu. Âmes sensibles s’abstenir ! Avec quels acteurs ? Claes Bang Dracula Dolly Wells Soeur Agatha John Heffernan Jonathan Harker Morfydd Clark Mina Sur quelle plateforme ? Netflix 7. Ozark De quoi ça parle ? Série dramatique sortie pour la première fois en 2017, Ozark revient en mars 2020 avec une toute nouvelle saison. Marty Byrde, personnage principal de la série incarné par Jason Bateman est un conseiller en gestion financière à Chicago qui, en parallèle, blanchit l’argent d’un puissant cartel mexicain. De l’argent disparaît et Marty se retrouve dans la ligne de mire des trafiquants. Il est alors contraint de déménager avec sa famille dans le Missouri, sur les rives du lac Ozark. Pris au piège, Marty commence à investir dans des entreprises locales et s’associe à des membres de la communauté afin de rembourser ses dettes. Comment va-t-il faire pour rembourser ses dettes sans se faire de nouveaux ennemis, et surtout sans éveiller les soupçons du FBI ? Telle est l’intrigue de cette série au suspense inégalable. Avec quels acteurs ? Jason Bateman Marty Byrde Laura Linney Wendy Byrde Julia Garner Ruth Lisa Emery Darlene Snell Sofia Hublitz Charlotte Sur quelle plateforme ? Netflix 8. The handmaid’s tale De quoi ça parle ? The handmaid’s tale est une série dystopique adaptée du roman de Margaret Atwood qui fait son grand retour avec une saison inédite dévoilée en mars 2020. Dans une société américaine totalitaire où le taux de natalité a drastiquement chuté à cause de la pollution et des maladies sexuellement transmissibles, une secte politico-religieuse en profite pour prendre le pouvoir. Les femmes sont alors privées de tous leurs droits et divisées en trois catégories les Épouses, qui dirigent la maison, les Marthas qui l’entretiennent et enfin les Servantes, qui sont uniquement dédiées à la reproduction. La série suit l’histoire de June Osborne, une femme devenue Servante au service du commandant Fred Waterford. Une série angoissante mais visionnaire, qui parle de la condition féminine, tout en montrant comment une société démocratique peut basculer du jour au lendemain. Avec quels acteurs ? Elisabeth Moss June Osborne Joseph Fiennes Fred Waterford Yvonne Strahovski Serena Joy Waterford Alexis Bledel Emily Sur quelle plateforme ? OCS et Amazon Prime 9. Validé De quoi ça parle ? Si vous aimez le rap français, vous allez être séduit par la série dramatique Validé, réalisée par Franck Gastambide et fraîchement sortie en ce début d’année 2020. Lorsqu’un jeune rappeur talentueux se retrouve “validé” par une grande star du milieu, il pense qu’il est sur le point de briller. Cependant, ce jeune rappeur est vite rattrapé par son passé et son alliance va se transformer en dangereuse rivalité. Cette série raconte avec brio la dure réalité du rap game et a déjà connu un succès fulgurant en seulement quelques semaines. Validé bat les records d’audience et s’impose comme l’une des meilleures séries de l’année 2020. D’ailleurs, une deuxième saison est déjà en préparation pour le plus grand plaisir des fans de culture rap . Avec quels acteurs ? Hatik Clément Saïdou Camara William Brahim Bouhlel Brahim Moussa Mansaly Mastar Sur quelle plateforme ? Canal+ Séries et MyCanal 10. Tiger King De quoi ça parle ? Pour finir, comment parler des meilleures séries de 2020 sans évoquer la série documentaire Tiger King ? Une histoire invraisemblable et rocambolesque qui retrace la vie de Joe Exotic, un personnage complètement délirant qui fait le succès de la série. Joe Exotic, à la fois amoureux des armes à feu et des félins, était le propriétaire d’un immense zoo avant son arrestation en 2018. Au fil des épisodes, vous allez découvrir les personnages qui l’entouraient et qui pour certains, sont à l’origine de son arrestation. Condamné à 22 ans de prison pour avoir tenté de commanditer l’assassinat de Carole Baskin, une activiste des droits des animaux, Joe Exotic est aujourd’hui soutenu par des milliers d’internautes qui ont regardé la série. Grâce à ce documentaire, l’enquête a même été relancée et de nouveaux éléments pourront peut-être changer le cours de l’histoire. Découvrez le phénomène international Tiger King, et faites vous votre propre avis sur qui sont les véritables coupables dans cette affaire. Avec quels acteurs ? Tous les protagonistes sont des personnages réels et non fictifs. Joe Exotic Carol Baskin Rick Kirkham Bhagavan 'Doc' Antle Jeff Lowe John Finlay Sur quelle plateforme ? Netflix En résumé En matière de séries, 2020 commence d’une façon impressionnante. La réalisation et la production des oeuvres cinématographiques surpassent celles des années précédentes avec déjà de grands succès en quelques mois seulement. Désormais, vous n’avez plus qu’à regarder les meilleures séries de l’année 2020 en attendant les prochaines sorties qui s’annoncent encore plus excitantes. N'hésitez pas à découvrir également cette sélection des meilleures séries de super-héros.
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